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Charge mentale : pourquoi les indépendants sont particulièrement exposés au risque d'épuisement?

  • 22 nov.
  • 5 min de lecture
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Il y a une scène que beaucoup d’indépendants connaissent. Dans le cas présent, il s’agit d’une indépendante. Elle s’appelle peut-être Samira ou peut-être pas. Peu importe : ce que vit Samira, des milliers d’indépendantes et d’indépendants le vivent aussi et pas seulement à Bruxelles.


Son smartphone sert de réveil. Avant même qu’elle ne soit vraiment réveillée, l’écran s’illumine : notifications, messages tardifs, confirmation d’un rendez-vous, rappel d’une facture ou d’une réunion, message de l’école. Elle pense “Je regarderai ça plus tard”. Elle regarde quand même.


Le café n’est pas encore terminé qu’elle a déjà traité plusieurs « petites choses ». Une réponse rapide. Une vérification. Un ajout à sa « to do list » qui lui semble déjà bien remplie. Il n’est pas encore 8h et elle n’est pas à l’abri d’un imprévu domestique qui pourrait venir s’ajouter au reste.


Les recherches montrent que cette fragmentation précoce de l’attention entame déjà une partie des ressources cognitives de la journée. Le cerveau quitte l’état de repos actif pour basculer en mode “gestion”. La fatigue n’arrive pas le soir. Elle commence au réveil.

Samira prépare les enfants, organise les allers-retours, anticipe les horaires. Puis sa journée professionnelle démarre réellement. Elle enchaîne les dossiers, les appels, les visios, les décisions rapides et des interruptions s’ajoutent les unes aux autres. Un message. Une question. Une correction urgente. Un document à envoyer. Un détail administratif à régler maintenant, pas ce soir.


Chaque élément est petit. Ensemble, ils saturent l’attention. Samira navigue d’une tâche à l’autre comme le font tant d’indépendants. Elle répond à un client, bascule sur un devis, envoie une facture, traite une relance, ajuste un paiement, reprend un fil d’e-mail interrompu deux fois… Tout s’entremêle. Elle met à jour son site, répond à un fournisseur, règle un détail administratif qui ne peut pas attendre.


Son esprit fatigue car le « multitasking » n’existe pas : il s’agit d’une alternance rapide entre des tâches hétérogènes, l’un des mécanismes les plus coûteux pour le cerveau. Et c’est souvent là, dans ces “petites choses” invisibles et dans cette manière de vouloir tout faire en même temps, que se loge l’épuisement : pas dans la grande mission stratégique, mais dans tout ce qui vient la fragmenter.

 

À midi, elle peut souffler un peu. Physiquement, elle se pose enfin. Mentalement, pas vraiment. Regardez autour de vous. Combien de personnes voyez-vous le matin ou le midi en train de manger, les yeux rivés sur leur smartphone ? On consulte les messages personnels, les news, les réseaux sociaux, les notifications de l’école. Le corps se repose, mais l’esprit continue d’être stimulé et d’ingérer de l’information sans interruption.


L’après-midi ressemble à la matinée : dense, morcelée, rythmée par des priorités mouvantes et des interruptions qui coûtent. Une succession d’ajustements permanents qui obligent l’esprit à rester dans un état d’hypervigilance.


Le soir, il y a les enfants, les courses, les repas, les tâches domestiques et le week-end à organiser. Et quand vient enfin le moment de se poser, Samira va lire un livre si elle en a encore la force ou s’effondrer dans son canapé devant une série. Dans les deux cas, c’est le corps qui est au repos mais le cerveau continue à être sollicité.


Avec plus de 8 heures de temps d’écran cumulé sur la journée, un corps qui n’est pas fondamentalement fatigué et un esprit en surchauffe, Samira dort mal. Cela l’inquiète parce que tout son projet dépend de son énergie, de sa concentration et de sa capacité à gérer. Lorsque l’heure de se lever arrive, elle est déjà fatiguée. Et tout recommence. Encore et encore. Mais jusque quand ?


Ce que décrivent les recherches en sciences cognitives correspond à l’histoire de Samira, de Charlotte, de Jeff ou d’Andrea : lorsque l’attention reste activée trop longtemps sans récupération réelle, la vigilance baisse, les erreurs augmentent, la créativité diminue, la fatigue se renforce et peut contribuer, avec d’autres facteurs, à une trajectoire d’épuisement.


Ce n’est pas un défaut personnel ni une faiblesse. Ce n’est pas un manque d’organisation.C’est la conséquence logique d’un quotidien qui sollicite l’esprit en continu.


Pour les indépendants, cette dynamique est encore plus critique. Il n’y a pas de service RH. Pas de médecin du travail. Pas de cadre protecteur. Pas de relais pour absorber la pression. Et surtout : pas de filet de sécurité.


Quand un indépendant s’épuise, ce n’est pas seulement une personne qui s’effondre. C’est un projet entier, souvent porté depuis des années, qui vacille.


En Belgique, les données de l’INAMI montrent une augmentation de 59 % des incapacités de travail de longue durée liées à un burnout ou une dépression chez les indépendants entre 2016 et 2021.


Un signal clair : leur charge cognitive est structurellement élevée, et leur marge de récupération structurellement faible. À Bruxelles comme ailleurs, ils constituent pourtant un élément précieux du tissu économique.


Samira innove dans le domaine de la santé. Andrea crée de nouveaux services utiles pour la ville. Charlotte anime une ASBL qui soutient les plus fragiles. Jeff crée de l’emploi.


A Bruxelles, de nombreux dispositifs existent pour soutenir l’entrepreneuriat, financer des projets et accompagner leur développement. Ils sont précieux, même essentiels mais ces dispositifs soutiennent le projet, rarement la personne qui le porte.


C’est dans ce contexte que s’inscrit la méthode Éclore.


Cette nouvelle méthode psychocorporelle est née au XXIe siècle et a été conçue pour les humains de son époque. Des femmes et des hommes qui n’ont pas le temps et qui sont soumis à des journées fragmentées, des flux d’informations permanents et une exposition continue aux écrans. Elle repose sur des pratiques courtes, simples, réalistes, qui permettent de recréer de véritables pauses cognitives au cœur même d’une journée saturée. Pas d’entraînements. Pas de postures complexes. Pas de matériel. Elle est « tout terrain » et peut être utilisée partout et tout le temps.


Tout repose sur des micro-pratiques de quelques secondes, à glisser directement dans les routines de la journée : en marchant, en travaillant, en attendant, en respirant. Ces gestes courts procurent un bien-être immédiat, ce qui donne naturellement envie de les répéter. Ils deviennent vite des habitudes qui allègent la charge mentale, rechargent les batteries en temps réel et ramènent plus de calme et de lucidité dans les journées.


Pour répondre aux besoins des indépendants comme de toutes les personnes en surcharge, éclore a développé deux programmes :


Réduire durablement la charge mentale est un parcours léger, pensé pour les personnes qui ont peu de temps mais qui doivent apprendre à récupérer autrement. Une heure par semaine pendant huit semaines, sans devoir consacrer du temps supplémentaire entre les séances.

Renforcer les bases pour prévenir l’épuisement est un parcours très complet et unique en son genre. Il est destiné à celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, travailler en profondeur et avancer sur des bases plus solides.

 

Pour les indépendants, la question n’est plus de savoir s’ils doivent s’occuper de leur charge mentale et se prémunir de l’épuisement.  La question est de savoir combien de temps ils peuvent continuer sans le faire.


Références

Mark, G. Multitasking in the Digital Age. MIT Press.

Posner, M., & Rothbart, M. Attention, stress and self-regulation. Annual Review of Psychology.

Langner, R., & Eickhoff, S. Sustaining attention to simple tasks. Psychological Research.

Albulescu, P. et al. Micro-breaks and cognitive performance. PLOS ONE.

Wilmer, H., Sherman, L., & Chein, J. Smartphones and cognition. Frontiers in Psychology.

Marriner, S. et al. Media multitasking and cognition. Cognitive Research: Principles and Implications.

Pessiglione, M. et al. Origins and consequences of cognitive fatigue. Trends in Cognitive Sciences.

Bolier, L. et al. Positive psychology interventions. BMC Public Health.

Donaldson, S. et al. PERMA and PERMA+4 frameworks in organizational well-being.

INAMI. Incapacités de travail de longue durée liées au burnout ou à la dépression — données 2016–2021.

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